Au lieu-dit de Tenarre, « La Ferme de Tenarre », bâtisse remarquable par son fleurissement, recouvre une valeur historique et demeure attachée à l’histoire du Moyen Age. L’histoire de la ferme de Tenarre commence en 1641. On ne sait exactement dans quel dessein elle fut construite, et les habitants de Baudrières se laissent aller à quelques suppositions : était-ce un relais de diligence ? Une maison cossue de la noblesse locale ?
M. Jeanton, dans son ouvrage « L’habitation paysanne en Bresse » la cite comme une maison noble. Il est sûr que son premier propriétaire a voulu une habitation à la mesure de ses finances, fournies si l’on en juge l’architecture.
Par la suite, on y aménagea une grange pour les besoins d’une ferme. Pendant la deuxième guerre mondiale, elle fut habitée par des réfugiés, qui utilisèrent une grande partie du bois pour se chauffer. Ainsi, on ne peut plus admirer l’escalier tournant qui menait au second étage. « La vieille maison », comme la nomment les gens du pays, étaient le lieu de rendez- vous des jeunes du village et le terrain de jeux des plus petits. On s’y cachait, on s’amusait à démolir les pans de mur qui s’effritaient. La ferme avait donc une place importante dans la vie du village.
Gilbert et Denise Tissot, les propriétaires, ont racheté la ferme qui appartenait à la génération précédente depuis 1950. Des conflits entre les détenteurs des parts de la maison ont fait que celle-ci fut inhabitée pendant un demi-siècle, c’est pourquoi ils ont trouvé une friche abondante et des murs peu stables. A l’époque, on ne distinguait pas la maison depuis la route !
Les travaux ont été considérables, à l’échelle de deux générations. Il a fallu redresser les murs, refaire la charpente et le toit. Il y a une dizaine d’années, Gilbert et Denise ont obtenu le classement de la façade, du toit et de la cheminée de la ferme sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Ce classement a permis la restauration du toit en 1994. La ferme se distingue par une galerie avec des croisillons taillés à la hache. Dans la tradition bressane, les intervalles sont garnis de terre. Une cheminée spectaculaire se dresse sur deux étages. Et le plus intriguant est cette inscription sur la cheminée du signe du Christ et de ces majuscules « R.L ». Correspondent-elles à « Roi Louis » ?
La date gravée atteste de l’époque de construction : 1641.La bâtisse est d’autant plus pittoresque grâce aux multiples fleurs qui l’habillent. Les photographes aiment d’ailleurs à prendre la façade comme décor pour des photos de mariage, tout comme les touristes qui s’arrêtent régulièrement pour une brève séquence photo ou vidéo. Le « Fief » de Tenarre a été sauvé du délabrement et de la démolition qui le menaçaient. Il reste encore à rechercher ses origines exactes et faire la lumière sur son histoire, qui apparaît tumultueuse et intrigante.